1er gouvernement du 2éme mandat de Roch : Un gâteau bien découpé et servi à plusieurs convives
Les supputations autour de la mise en place du 1er gouvernement du 2éme mandat du président réélu Roch Mark Kaboré ont finalement pris fin dans la soirée du dimanche 10 janvier 2020. Le premier des burkinabé a préféré en quelque sorte la continuité en conduisant la majorité des membres du gouvernement qui a conduit la fin de son premier mandat.

Gouvernement de large ouverture, gouvernement de consensus, gouvernement d’union nationale, seuls les politologues et autres analystes politiques trouveront l’expression consacrée pour mieux nous situer. Si la présence des partis qui ont constitué la mouvance présidentielle et qui ont soutenu la candidature de l’ancien président réélu dans ce gouvernement n’étonne guère personne, celle de l’ancien chef de file de l’opposition, arrivé 3éme à l’élection présidentielle du 22 novembre dernier est surprenant.

Celui qui était le plus critique envers la gouvernance du président réélu se retrouve à abandonner son programme de société pour aller prendre un poste dans le gouvernement de son adversaire d’hier, ce retournement de veste est inévitablement l’évènement politique de cette nouvelle année 2021.
Du chef de file de l’opposition à la majorité
C’est à croire qu’à chaque fois que le chef de file de l’opposition perd son poste, il se sent obliger de rejoindre le camp des gagnants. Gilbert Noel Ouédraogo à qui le poste revenait en 2007 a tourné dos pour rester dans ce qu’il considérait malicieusement la majorité présidentielle et non la mouvance présidentielle.

Me Benewendé Sankara à qui Gilbert a laissé le poste de 2007 à 2012 a tout de même évolué sous l’ombre de Ziphérin Diabré de 2012 à 2014 avant de rejoindre le parti au pouvoir en 2016 . Lui au moins avait un argument de taille signifiant son refus de collaborer avec le parti qu’il estime être le fossoyeur de notre démocratie, le CDP pour ne pas le nommer dont il a été l’illustre adversaire. Et puis dans le contexte de 2015, le MPP qui n’avait pas la majorité pour assurer le contrôle de l’Assemblée nationale et la composition de l’exécutif a entamé des négociations souterraines pour se faire de nouveaux alliés.

C’était du pain béni pour l’UNIR/PS qui s’en est saisi pour s’éloigner du CDP avec cerise sur le gâteau un poste de 1er vice président à l’Assemblée nationale et deux ministères.
Troquer le changement pour un morceau de gâteau
Mais pour le cas de Zéph, au sortir de ces élections de novembre 2020, le MPP et ses alliés avaient une large majorité leur permettant de contrôler sereinement l’Assemblée nationale et de composer aisément le gouvernement. Qu’est- ce qui explique donc que le candidat qui appelait le peuple burkinabé à oser le changement rejoint pieds et mains liés à un exécutif qui doit se charger d’exécuter le programme d’un candidat élu . On a beau arrondir les angles pour coller le ministère de la Réconciliation nationale à la présidence du Faso, le sparadrap colle difficilement. Cette expression si chère à feu Issa Tiendrébeogo pour parler de la politique du « tube digestif » sied bien à ce contexte . Quand on sait que le chef de file de l’opposition gère un budget et que cette fois-ci, Zéphérin Diabré n’en est pas le titulaire pour en bénéficier, on se demande s’il n’a pas fait le choix de « Se débrouiller pour ne pas rester les mains vides ».
La réconciliation nationale, une affaire de politiciens
On nous dira que la réconciliation nationale, le peuple burkinabé en a besoin et que cela vaille la peine, que Zeph fasse ce sacrifice. Mais cette réconciliation nationale est plus une affaire de politiciens dont on a retiré les mains, les cuillères et les fourchettes de la soupe. Le bas peuple après l’insurrection continue de se fréquenter et de s’assister lors des évènements sociaux. Aujourd’hui, il est vrai, les forces du mal tentent de saper notre vivre ensemble en provoquant des conflits ethniques par ci et là. Mais peut-on vider ce contentieux de l’insécurité pendant qu’on ne l’a pas encore totalement éradiqué. Si la réconciliation part du fait qu’une partie des burkinabé a été sanctionnée pour s’être entêtée pour réviser l’article 37 de notre constitution afin de garantir le règne à vie à leur mentor, alors on prêche faux. La simple application du tryptique, vérité, justice, réconciliation[UW1] suffit largement.
Refus d’avaler la couleuvre
Évitons les écueils comme ce qui s’est passé après 1998 après la mort du célébrè journaliste Norbert Norbert , quand suite aux recommandations du collège des sages, un ministère de ce genre a été confié à l’écologiste Ram Ouédraogo. Ce dernier après une longue pérégrination nous a servi une journée de pardon bidon. Les principaux concernés ont refusé d’avaler la couleuvre. On attend de voir le contenu et la forme, la lettre de missions qui seront portés par Zeph pour nous éviter une réconciliation de façade. Une réconciliation dont les gagnants sont ceux qui bénéficieront des émoulements et des dédommagements arrangés . On l’aura remarqué, tous ceux qui se sont acoquinés avec l’ancien président Blaise Compaoré dans sa volonté maladive de s’éterniser au pouvoir ont eu les mains libres et ont battu campagne jusqu’à damer le pion au parti au pouvoir et ses alliés dans certaines localités.
Transparence, justice sociale

A vrai dire, la véritable réconciliation passe par une gouvernance vertueuse. Une gouvernance où l’équité, la justice sociale, la transparence sont les maitres- mots . Le reste c’est du folklore. Mettons l’intérêt du peuple au-dessus de tout et évitez de nous entuber avec des postes créés juste pour contenter des politiciens assoiffés de pouvoir et qui sont prêts à pactiser même avec le diable. Après l’insurrection, certains se sont mis à encenser leurs bourreaux d’hier espérant profiter de leurs votes pour accéder au pouvoir. Après, on nous a rabattu les oreilles avec cette histoire des deux baobabs qui doivent se mettre ensemble pour terrasser le troisième. Maintenant que cette stratégie n’a pas prospéré, on s’abrite sous l’ombre du baobab à terrasser pour cueillir ses fruits sous le fallacieux prétexte d’une réconciliation nationale. Après ce genre de stratagème pour se servir au moment du partage du pouvoir, les électeurs pour emprunter l’expression de l’homme du PUR, Alexandre Sankara ont peut-être raison de monétiser leurs votes pendant la campagne électorale.
Faso nord info