CHUR de Ouahigouya : Les travailleurs dégainent, l’administration esquive.
8h30 à 11H 30 mn , c’est la durée du sit-in organisé le lundi 26 aout 2019 par la sous-section du Syndicat national des Travailleurs de la Santé humaine et animale (SYNTSHA) du Centre hospitalier universitaire régional (CHUR) de Ouahigouya pour interpeller l’administration hospitalière à trouver des solutions aux problèmes qui entravent le travail des agents dans les différents services .L’administration par la voix de son directeur général Bassidou Saré rétorque faire de son mieux pour assurer le bon fonctionnement de la structure sanitaire .
» Nous sommes démotivés , rien ne marche dans les différents services de cet hôpital , nous n’en pouvons plus » clament de nombreux travailleurs regroupés ce lundi 26 aout 2019 devant le bâtiment de l’administration générale du Centre hospitalier universitaire régional de Ouahigouya . Selon le secrétaire général de la sous-section/ SYNTSHA du CHUR/Ouahigouya Ablassé Ouangaraoua , cette structure porte le titre de centre hospitalier universitaire régional alors que ses prestations de service ne dépassent guère celles d’un centre médical avec antenne chirurgicale .
Dans les différents services se plaint-il , les agents éprouvent d’immenses difficultés pour répondre aux attentes des patients . Les pannes des appareils et le manque de consommables sont les principaux goulots d’étranglement . Aux urgences , le responsable de la sous-section du syndicat relève le manque d’oxygène et de starter ne permettant pas une prise en charge conséquente des cas d’urgence. Sans ce matériel, soutient le SG , ce service ne mérite pas son titre les agents étant dans l’incapacité d’administrer les soins appropriés . Il note également que dans une telle division médicale , les soins doivent être précautionneusement administrés et dans un cadre paisible mais au CHUR de Ouahigouya ce service est comme un marché où n’importe qui rentre et ressort quand il veut . Cet état de fait perturbe la quiétude des malades et du personnel soignant .
Triste réalité dans tous les services
» A l’heure actuelle , au bloc opératoire , on ne peut opérer que les patients rangés dans les cas d’extrême urgence » déclare Ablassé , lâchant un soupir comme pour traduire la gravité de la situation en ces lieux . Le plus marrant décrit-il , est que ce service privé d’autoclaves est incapable de stériliser son matériel chirurgical . l’outil de stérilisation du bloc est inutilisable .
Selon la description du syndicaliste , il ne faut pas avoir affaire au service de la radiologie en ce moment . Son principal appareil est inexploitable depuis le 1er août dernier et le personnel se tourne les pouces . L’état actuel du service du laboratoire fini de ternir l’image de ce CHUR . 2 types d’examen y sont opérationnels présentement : la numération sanguine et le groupage sanguin . Le strict minimum qu’on puisse faire dans un centre de santé de promotion sociale (CSPS) pince sans rire Ablassé Ouangraoua . Le gros problème est lié à la panne des automates d’analyse. Le laboratoire, selon le représentant du syndicat vient d’ouvrir ses portes après une fermeture de trois mois. Les mêmes dysfonctionnements sont récurrents dans les services d’ophtalmologie, d’ONDONTO et de l’ORL ,marqués par une panne d’électricité , la détérioration des chaises d’intervention et le manque du produit anesthésique .
Manque de célérité dans le traitement des salaires et des primes
Le syndicat pose également le problème du manque d’hygiène au sein de l’hôpital. L’évacuation des eaux usées et d’autres déchets , relève-t-il, laisse à désirer et il faut que la situation change. La précarité dans ce centre hospitalier ne se limite pas seulement aux pannes des appareils et à la rupture des consommables , les militants du SYNTSHA peignent en noir la gestion de leur carrière , leur traitement salarial , leurs primes de motivation et de rendement . A les entendre , l’administration ne se prêche pas pour résoudre ces préoccupations. Tous les faits incriminés fait savoir le responsable de la sous-section sont connus par l’administration , mais elle ferrait preuve de manque d’intérêt ou de manque de volonté manifeste .
Refus de surseoir au sit-in
Le directeur général du centre hospitalier universitaire régional de Ouahigouya , Bassidou Saré ne partage pas l’opinion du syndicat . Il s’empresse de préciser que le CHUR de Ouahigouya traverse des difficultés comme tant d’autres structures sanitaires de ce pays . Il dit ne pas comprendre pourquoi le syndicat en est arriver à cette forme de revendication sans épuiser les voies du dialogue . Bassidou Saré rappelle que le syndicat a pris langue avec l’administration le 19 aout 2019 avec une plate revendicative datant de 2016 . Les discussions se sont déroulées avec son intérimaire.
L’administration a estimé que certains points de cette plate forme étaient caducs et le syndicat avait promis de revoir le contenu de son document . Au cours d’une autre rencontre tenue le 23 aout 2019 , le syndicat a réaffirmé sa disponibilité à réactualiser sa plate forme informant que sa remise à l’administration le 26 août 2019 sera couplée par un sit-in de 3 heures de 8h30 à 11 h30 mn . Le DG dit avoir traduit sa ferme volonté à étudier la nouvelle plate forme que le syndicat viendrait à lui soumettre sans manquer de préconiser de surseoir au sit-in . Il regrette le refus de cette main tendue et c’est avec regret qu’il a accueilli les nouveaux points de réclamations du partenaire en même temps que la suspension temporaire des activités . Il estime que cette manière de procéder s’apparentant à de la surenchère ne favorise pas des discussions sereines .
La défaillance du circuit électrique , la mère de tous les maux
Revenant sur les griefs , Bassidou Saré déclare que la principale difficulté du CHUR de Ouahigouya ,est la défaillance de ses installations électriques entrainant les pannes des appareils et la détérioration des consommables . La résolution de ce problème exigerait une cagnotte de plus de 100 millions de FCFA que le CHUR à de la peine à mobiliser. Des méthodes palliatives ont été mises en marche comme l’usage d’ondulaire de grandes capacités pour permettre une régulation de l’électricité en cas d’une panne de dispositif .
Le premier responsable du CHUR soutient que les pannes des chaises d’opération en ODONTO n’est plus d’actualité . il reste la question du produit anesthésique . C’est la CAMEG seule informe-t-il , qui peut fournir ce produit . Actuellement, l’administration croise les doigts attendant que le fournisseur de ce consommable cher à l’ONDONTO fasse la livraison dans un délai raisonnable . Pour la panne de l’appareil à la radiologie ,le DG avoue qu’il faut un réaménagement des lignes budgétaires pour permettre sa réparation . « Ce n’est pas une dépense qui avait été prévue . Nous sommes soumis à des procédures et nous sommes astreints à les respecter « clame -t-il avec une mine traduisant son impuissance à répondre à l’urgence .
Un seul médecin anesthésiste au CHUR
En ce qui concerne la baisse du volume des interventions au bloc opératoire, le DG estime que cette situation est plus liée à un mot d’ordre national des attachés de santé de ne plus prendre part à une intervention chirurgicale sans la présence d’un médecin spécialiste . Le CHUR de Ouahigouya nous apprend-t-il , dispose d’un seul médecin spécialiste en anesthésie et il est claire que ce dernier ne peut pas exercer au delà de ses capacités . Ce ne donc pas étonnant admet le premier responsable de l’hôpital, de voir la diminution du nombre d’intervention au bloc opératoire.
» C’est avec le plus regret que nous vivons cette situation , sa résolution dépasse nos compétences » se défend le DG . Faisant l’analyse de l’ensemble des points de revendication , il déclare que la résolution de plusieurs d’entre eux commandent des prises de décision au plus haut niveau . Il ne s’empêche pas de faire certaines observations . L’achat des consommables fait-t-il savoir exige de fortes sommes d’argent et le DG juge qu’il est incompréhensible qu’en même temps que le syndicat pose cette réclamation , il continue d’exécuter son mot d’ordre d’opérations caisses vides , privant les structures sanitaires de recettes .
Des questions sans réponses
Comment une structure qui ne fait de recouvrements pourrait engager des dépenses ? s’interroge le DG . Qu’est ce qui explique que pour 1000 réactifs mis à la disposition d’un service , on se retrouve avec des justificatifs de 500 réactifs utilisés ? A quoi a servi l’autre moitié? Ce sont des questions que le DG se pose tout en se gardant de donner des réponses . Quand un corps de métier se retire délibérément de l’exécution de certaines de ses tâches , la prise en charge des patients peut-elle se faire comme il se doit ? continue de s’interroger le DG . Il reconnait cependant son entière responsabilité quant au manque d’hygiène au sein du CHUR . il impute ce manquement à trois niveaux : l’administration qui ne joue pas son rôle de suivi; l’incapacité du fournisseur à respecter ses encagements et les accompagnateurs des malades refusant de se plier aux mesures d’hygiène qui sied dans un centre de santé . A ce niveau, le DG rassure que l’administration jouera sa participation et prendra des dispositions qui s’imposent quand le fournisseur épuisera son temps de contrat . Rompre le contrat à mi- parcours, précise le directeur c’est se créer d’autres problèmes parce que cela commande qu’on relance un nouveau marché avec toutes les procédures qui s’en suivent .
Mise en forme progressive du CHUR
Le DG relève que la comparaison de la prestation du CHUR de Ouahigouya à celle du centre médical avec antenne chirurgicale n’est pas réaliste . Pour lui, il n’ y a aucune gloire à tirer un service public comme le CHUR vers le bas . Il réaffirme que le nouveau statut du CHUR de Ouahigouya se construit progressivement . il continue d’enregistrer l’arrivée de médecins spécialistes . La construction de nouvelles infrastructures nous apprend-t-il , devrait être entamée courant 2019 , mais malheureusement , les réaménagements budgétaires que le gouvernement se soumet pour faire face aux menaces sécuritaires affectent les programmations des investissements du secteur public . il dit ne rien apprendre à personne en évoquant cette triste réalité . Qu’a cela ne tienne, Bassidou Saré se félicite de voir l’implantation dans sa boite d’un appareil d’urologie , le plus performant de tous les centres hospitaliers . Le défi qui reste souligne t-il , c’est la mobilisation de spécialistes pour optimiser le fonctionnement de cet outil .
Achat d’un scanner
Il annonce aussi que le CHUR se prépare à lancer un marché d’achat d’un scanner en vue d’une prise en charge pointue des patients du service de la radiologie . Bassidou Saré rassure que le CHUR ne ménagera aucun effort pour venir à bout de ses insuffisances tout en continuant la mobilisation des ressources pour permettre le renforcement de son dispositif . Quant on lui rappelle le problème de la gestion des carrières des agents, le DG rétorque que sans vouloir offusquer qui que ce soit , il doute de la bonne foi des revendicateurs . Il rappelle que les 101 agents reversés sur les lignes budgétaires du CHUR , établissement public de l’état et les 46 contractuels bénéficient depuis les mois de juin et juillet 2019 des nouvelles conditions de la fonction publique hospitalière . La correction de la situation des 300 autres agents payés par le biais de la SIGASPE de la fonction publique n’incombe pas au CHUR . Pour la prime de rendement , il indique que cette question est traitée généralement âpres l’Assemblée générale des établissements publics de l’état .
Le syndicat n’entend pas baisser les bras
A l’heure actuelle, le hic à entendre le DG est que les agents vivent des situations salariales disparates , ce qui ne permet pas une répartition équitable de la prime de rendement . Il faudra donc une harmonisation des situations salariales pour permettre une résolution efficiente de cette attente . Afférent à la prime de motivation , le DG fait remarquer qu’elle se calcule sur la base de 25 % des recettes des frais de recouvrements et 5% des recettes d’ achats des médicaments pharmaceutiques . Si cette question n’a toujours pas été réglée, c’est parque la sous-section du syndicat a tardé à envoyer son représentant au sein du comité . Ce n’est que le 23 aout 2019 que l’identité du représentant des travailleurs a été donnée en la personne de son premier responsable de la sous-section
. Malgré la divergence des points de vue sur les problèmes que traversent l’hôpital et du timing pour les résoudre , le DG réaffirme que le syndicat reste un partenaire incontournable . il exprime l’importance de voir la sous-section du SYNTHSA continuer sa mission de veille citoyenne , mais dans l’objectivité , le respect des principes et la bonne foi. Pour sa part , le syndicat ne s’embarrasse pas de ce ton équilibriste « Si à l’issue de ce sit-in , des solutions idoines et satisfaisantes ne sont pas trouvées , la sous-section SYNTHSA du CHUR de Ouahigouya se réserve le droit d’engager d’autres actions de protestations pour faire aboutir ses justes et légitimes revendications .Il tiendra pour seuls responsables, la direction générale de l’hôpital ainsi que le gouvernement , de la détérioration du climat social dans les secteurs de la santé humaine dans les structures du CHUR , voire de toute la région du DRS du Nord, s’ils persistaient dans leurs attitudes actuelles de fuite de responsabilité à l’égard de la santé de la population » a-t-il prévenu dans son préavis de sit-in adressée au DG du CHUR .
Faso-nord info